La Tunisie (تونس) est un pays d’Afrique du Nord appartenant au Maghreb. Elle est bordée au nord et à l’est par la mer Méditerranée. Sa frontière ouest s’ouvre sur l’Algérie (965 km) et sa frontière sud-est sur la Libye (459 km). Son nom est dérivé de celui de sa capitale, Tunis, située dans le nord du pays.
Près de 40 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de terres très fertiles, berceau de la civilisation carthaginoise qui atteignit son apogée au IIIe siècle av. J.-C., avant de devenir le « grenier à blé » de l’Empire romain.
Longtemps appelée Régence de Tunis, notamment sous la domination ottomane, la Tunisie passe sous protectorat français en 1881. Avec l'avènement de l'indépendance, le 20 mars 1956, le pays prend l’appellation officielle de Royaume de Tunisie sous le règne de Lamine Bey, seul souverain tunisien à porter le titre de roi. Avec la proclamation de la république, le 25 juillet 1957, c'est le leader nationaliste Habib Bourguiba qui devient le premier président de la République tunisienne et modernise le pays. Toutefois, au terme de 30 ans de règne dont la fin est marquée par le clientélisme et la montée de l'islamisme, le premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali finit par le déposer mais poursuit dès lors les principaux objectifs du bourguibisme tout en libéralisant l'économie.
Intégrée aux principales instances de la communauté internationale, la Tunisie fait également partie de la Ligue arabe, de l’Union africaine et de la Communauté des États sahélo-sahariens.
Sommaire[afficher]
1 Histoire
1.1 Préhistoire
1.2 De la Carthage punique à la Carthage romaine
1.3 Christianisation
1.4 Arabisation et islamisation de la Tunisie
1.5 À la croisée des convoitises
1.6 Protectorat et lutte nationaliste
1.7 Tunisie indépendante
2 Politique
2.1 Politique intérieure
2.2 Politique extérieure
3 Gouvernorats
4 Justice
5 Géographie
5.1 Climat
5.2 Environnement
5.3 Géographie humaine
6 Économie
7 Transport
8 Démographie
9 Culture
9.1 Religion
9.2 Langues
9.3 Cinéma
9.4 Musique
9.5 Festivals
9.6 Littérature
9.7 Peinture
9.8 Artisanat
9.9 Coutumes et traditions
9.9.1 Vie sociale
9.9.2 Jasmin
9.9.3 Costumes traditionnels
9.9.3.1 Vêtement masculin
9.9.3.2 Vêtement féminin
9.10 Gastronomie
10 Sport
11 Codes
12 Notes et références
13 Voir aussi
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Histoire [modifier]
Articles détaillés : Histoire de la Tunisie et Chronologie de la Tunisie.
Préhistoire [modifier]
Squelette capsien en position repliée
De nombreuses traces d’industrie humaine datant du Paléolithique inférieur témoignent de l’ancienneté du peuplement de l’actuelle Tunisie.
À 20 kilomètres à l’est de Gafsa, le site moustérien d’El Guettar (vieux de plus de 40 000 ans) a livré une structure formée par un amas de pierres rondes disposées en un cône d’environ 75 centimètres de haut pour un diamètre de 130 centimètres. Ces pierres rondes, en calcaire ou en silex, sont parfois façonnées. Elle sont associées à des ossements d’animaux, des dents et des objets de silex taillé moustériens ainsi qu’une pointe pédonculée atérienne. M. Gruet, l’archéologue qui l’a découverte, interprète cette structure comme un édifice réalisé en offrande à la source voisine, aujourd’hui asséchée, et traduisant un sentiment religieux ou magique[2], [3]. Elle est connue sous le nom d’Hermaïon d'El Guettar, par référence aux tas de pierre édifiés dans l’Antiquité en relation avec le culte d’Hermès, et se trouve exposée au Musée national du Bardo.
À une civilisation épipaléolithique littorale dite ibéromaurusienne et à une autre dite capsienne succède le Néolithique. À cette période, la présence humaine est conditionnée par la formation du Sahara qui acquiert son climat actuel. De même, c’est à cette époque que le peuplement de l’actuelle Tunisie voit sa population s’enrichir par l’apport des Berbères.
La Tunisie entre dans l’Histoire avec l’expansion des Phéniciens qui, cherchant à développer leur réseau commercial, fondèrent une série de comptoirs dans le bassin occidental de la Méditerranée et au-delà du détroit de Gibraltar. Celui de ces comptoirs qui connaît le développement le plus considérable est Carthage qui est fondé sur la côte tunisienne par des Tyriens en 814 av. J.-C.. D’après la légende, c’est la reine Élyssa (Didon chez les Romains), sœur de Pygmalion, roi de Tyr, qui fonde la cité.
De la Carthage punique à la Carthage romaine [modifier]
Article détaillé : Histoire de Carthage.
Buste de Hannibal Barca
Entre le VIe et le Ve siècle, la rivalité avec les Grecs amène Carthage à développer ses ressources propres : contrôlant bientôt tout le nord-est du pays, cette colonie renforce son autorité sur les autres comptoirs phéniciens de la côte d’Afrique. Elle entreprend alors de plus lointaines reconnaissances vers le nord, attirée par le commerce de l’étain, et vers le sud pour bénéficier du commerce de l’or avec le Soudan.
Au début du IIIe siècle av. J.-C., Carthage s’affirme comme une grande puissance maritime et commerciale qui contrôle la totalité du commerce et de la navigation dans les eaux de la Méditerranée occidentale. Elle possède également de nombreux territoires hors d’Afrique : sud de la péninsule Ibérique, îles Baléares, ouest de la Sicile, Corse, Sardaigne et Malte. Mais son incapacité à intégrer les populations berbères dans sa civilisation la rendent vulnérable lorsque les Romains supplantent les Grecs comme principaux concurrents. Rivales pour la maîtrise de la Méditerranée occidentale, les deux puissances entrent en conflit (guerres puniques). La possession de la Sicile est alors au centre des enjeux qui opposent à trois reprises les deux cités à partir de 264 av. J.-C..
Une révolte des Berbères durant la Première Guerre punique contribue à éviter la victoire de Carthage sur Rome. La victoire d’Hannibal Barca à la bataille de Cannes en 216 av. J.-C. donne un moment l’avantage à Carthage mais, à l’issue de la Deuxième Guerre punique, la victoire romaine, encore une fois facilitée par une révolte des Berbères sous la conduite de leur roi Massinissa, se matérialise par la conquête de nombreux territoires carthaginois. Enfin, à l’issue de la Troisième Guerre punique, Rome écrase définitivement Carthage et s’installe sur les décombres de la ville en 146 av. J.-C.. La fin des guerres puniques marque alors l’établissement de la province romaine d’Afrique. Utique en devient la première capitale mais le site de Carthage va s’imposer à nouveau par ses avantages. En 44 avant J.-C., Jules César décide d’y fonder une colonie romaine mais c’est Auguste qui lance véritablement les travaux quelques décennies plus tard.
Elle devient plus tard la capitale de la province. C’est alors une période de prospérité où l’Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de blé et d’huile, aidé en cela par sa position de plaque tournante du négoce d’esclaves africains. Le fameux port circulaire de Carthage se mue en port d’attache monumental d’une flotte céréalière dont l’arrivée est chaque année impatiemment attendue à Rome. Partie intégrante de la République puis de l’Empire, avec la Numidie, la Tunisie devient pendant six siècles le siège d’une civilisation romano-africaine.
Christianisation [modifier]
Cyprien de Carthage
En s’implantant en Tunisie, et au Maghreb en général, le christianisme ne se heurte pas seulement aux édits impériaux mais d’abord à une véritable opposition populaire. En effet, en s’implantant parmi ces populations, le christianisme déchire un tissu social très serré. Le paganisme imprégnant la vie quotidienne, les chrétiens sont conduits à vivre à l’écart de la vie domestique et de la vie publique. La cohésion de la famille et de la cité est donc menacée, ce qui entraîne des ripostes comme le saccage de tombes chrétiennes par ces populations. Dès le IIe siècle, Carthage applique également les persécutions impériales : la mise en œuvre de l’édit impérial est conduite avec vigueur. Ceux qui refusent de se rallier au culte officiel sont soumis à la torture pour leur arracher un simulacre de soumission. S’ils s'obstinent dans le refus, leurs biens sont confisqués et ils sont bannis ou même déportés. Mais, malgré cette situation difficile, la nouvelle foi s’implante beaucoup plus rapidement qu’en Europe notamment en raison du rôle social de l’Église qui apparaît dans la seconde moitié du IIIe siècle. L’Église d’Afrique s’implantant progressivement, Carthage devient, au IVe siècle, l’une des plus grandes capitales spirituelles d’Occident : Tertullien, saint Cyprien ou saint Aurèle en sont originaires et le donatisme, doctrine schismatique puis déclarée hérétique, prend son essor entre le IVe et le Ve siècle.
En 429, menés par leur chef Genséric, les Vandales franchissent le détroit de Gibraltar. Dix ans plus tard, après s’être rendus maîtres d’Hippone, ils entrent dans Carthage où ils installent leur royaume pour près d’un siècle. Ces derniers sont adeptes de l’arianisme, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement catholiques. Ces derniers sont persécutés dès lors qu’ils tentent de s’opposer au pouvoir vandale : de nombreux hommes d’église sont martyrisés, emprisonnés voire exilés dans des camps au sud de Gafsa. Cependant, la culture latine est largement préservée et le christianisme prospère tant qu’il ne s’oppose pas au souverain en place.
Les Vandales eux-mêmes, devenus les maîtres de la province romaine la plus riche de l’Empire, se laissent aller à la douceur de vivre de la Tunisie. Le recrutement de leur armée en souffre à tel point qu’ils préfèrent enrôler des autochtones berbères (romanisés pour la plupart). Toutefois, incapables de contenir les tribus hostiles qui s’agitent aux frontières de leur territoire, leur défaite devant ces dernières, en 530, fournit à l’empereur byzantin Justinien l’occasion de s’emparer du territoire (septembre 533). La majeure partie du peuple vandale est déportée vers l’Orient, servant comme esclaves, tandis que d’autres sont enrôlés de gré ou de force dans l’armée byzantine comme soldats auxiliaires. Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse d’Afrique. À la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l’Église locale, se détournent de Carthage. De plus, en proie à d’incessantes querelles et luttes religieuses, les Byzantins ne peuvent pas davantage intégrer dans la structure de leur empire les Berbères qui se soulèvent à plusieurs reprises.
Arabisation et islamisation de la Tunisie [modifier]
Dans ce contexte, trois expéditions sont nécessaires pour que les Arabes réussissent à conquérir la Tunisie. De plus, la conversion des tribus ne se déroule pas uniformément et connaît des résistances, des apostasies ponctuelles ou l’adoption de syncrétismes. L’arabisation se fera de manière plus lente encore mais finira par être totale.
La première expédition est lancée en 647. L’exarque Grégoire est battu à Sbeïtla, ce qui démontre l’existence de points faibles chez les Byzantins. En 661, une seconde expédition est lancée et se termine par la prise de Bizerte. La troisième, menée en 670 par Oqba Ibn Nafaa est décisive : Ibn Nafaa fonde la ville de Kairouan durant la même année et la ville devient le centre des expéditions lancées contre le nord et l’ouest du Maghreb. L’invasion complète faillit échouer avec l’assassinat d’Ibn Nafaa en 683 et les Maures parviennent à chasser les troupes arabes hors de Kairouan. Ces dernières reviennent en 688 mais sont repoussées en Libye. En 695, elles réussissent à prendre Carthage aux Grecs mais les Byzantins la reprennent en 696. La ville est définitivement conquise en 698.
Mosquée du Barbier à Kairouan
Contrairement aux précédents envahisseurs, les Arabes ne se contentent pas d’occuper la côte et entreprennent de conquérir l’intérieur du pays. Après avoir une fois de plus vaillamment résisté, les Berbères, après la défaite de la Kahena, se convertissent à la religion de leurs nouveaux conquérants. Toutefois, refusant l’assimilation, ils sont nombreux à rejeter la religion dominante et à adhérer au kharidjisme, hérésie née en Orient et proclamant l’égalité de tous les musulmans sans distinction de races ni de classes[4]. En 745, les kharidjites berbères s’emparent d’ailleurs de Kairouan. La région reste une province omeyyade jusqu’en 750.
Ribat de Monastir
En 800, le calife Haroun ar-Rachid délègue son pouvoir en Ifriqiya à l’émir Ibrahim ibn Al-Aghlab qui établit la dynastie des Aghlabides qui y règne durant un siècle. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan. Des vagues importantes et successives d’immigrants arabes, venus de la péninsule arabique et plus généralement du Moyen-Orient, s’installent sur le territoire tunisien et se mélangent souvent aux populations berbères autochtones. Les Aghlabides se dotent d’une importante flotte de combat pour écarter le danger venant de la mer. En décembre 909, Abu Abd Allah al-Husayn al-Shi'i, aidé par les Berbères qui refusent la domination aghlabide, déclare descendre de Fatima Zahra (fille de Mahomet), se proclame chef et imam de Tunisie et fonde la dynastie chiite des Fatimides. Ces derniers déclarent dès lors comme usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme.
En 921, la ville de Mahdia est fondée et proclamée capitale du califat fatimide. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère la capitale fatimide à Kairouan et s’empare de la Sicile en 948.
Quand les Fatimides déplacent leur base en Égypte en 972, les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis de ceux-ci. Installés à Kairouan puis à Mahdia, la rupture avec les Fatimides intervient en 1048 à l’initiative du souverain qui reçoit alors du calife abbasside le titre de « commandeur des croyants au gouvernement de tout le Maghreb ». En rompant avec son suzerain fatimide, il inaugure ainsi l’ère de l'émancipation des Berbères. En représailles, les Fatimides envoient des tribus nomades d’Égypte, comptant plusieurs centaines de milliers de membres, les Hilaliens, envahir la région. Kairouan, pourtant fortifiée, résiste pendant cinq ans mais finit par être occupée. Les boutiques sont pillées, les édifices publics abattus et les maisons saccagées. Cette « invasion » nomade se caractérise pourtant par une intégration diffuse de familles entières, rompant l’équilibre traditionnel entre Berbères nomades et sédentaires. Il s’ensuit tout naturellement un métissage de la population. Toutefois, l’effritement politique de l'Ifriqiya, conséquence de la disparition des Zirides, plonge le pays dans l’anarchie. Mais, comme Mahdia et les autres villes d’Ifriqiya, Tunis finit par tomber aux mains du sultan almohade Abd al-Mumin lors de son expédition qui appareille du nord du Maroc en 1159. Bien avant l’arrivée des Hilaliens, et à compter de la seconde moitié du VIIe siècle, la région s’ouvre à l’islam mais la langue arabe classique demeure encore l’apanage des élites citadines et des gens de la cour. Avec l’invasion hilalienne et l’établissement supplémentaire de centaines de milliers d’immigrants arabes, les dialectes berbères vont, sinon céder la place à la langue arabe, du moins devenir plus ou moins marqués par l’arabisation.
À la croisée des convoitises [modifier]
Articles détaillés : Tunisie à l'époque médiévale et Tunisie des Beys.
À partir du premier tiers du XIIe siècle, la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du sud de l’Italie (Royaume normanno-sicilien). En 1135, le roi normand Roger II s’empare de Djerba. En 1148, c’est Mahdia, Sousse et Sfax qui tombent aux mains des Normands. Toutefois, ils seront progressivement chassés et Mahdia, leur dernière place forte, n’est reprise par les Almohades marocains qu’en janvier 1160. Dans le même temps a lieu l’unification du Maghreb. L’économie devient florissante et des relations commerciales s’établissent avec les principales villes du pourtour méditerranéen (Pise, Gênes, Marseille, Venise et certaines villes d’Espagne). L’essor touche également le domaine culturel avec les œuvres du grand historien et père de la sociologie Ibn Khaldoun. Les Almohades confient la Tunisie à Abd al-Wâhid ibn Hafs mais son fils Abû Zakariyâ' Yahyâ se sépare d’eux en 1228 et fonde la nouvelle dynastie des Hafsides. Elle règne durant trois siècles et devient totalement indépendante dès 1236. Les XVe et XVIe siècles voient l’arrivée des maures musulmans et juifs andalous chassés d’Espagne par la reconquête (ou Reconquista).
Tunisie barbaresque
Au début du XVIe siècle, le Maghreb traverse une crise politique profonde qui permet l’émergence de principautés et de cités portuaires indépendantes qui relancent l’activité des corsaires. Les souverains d’Espagne, Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille, pour protéger leurs côtes, décident de poursuivre la reconquête jusque sur les côtes maghrébines. En une dizaine d’années, ils conquièrent plusieurs places : Mers el Kébir, Oran, Bougie, Tripoli et l’îlot situé en face d’Alger. Pour s’en libérer, les autorités d’Alger sollicitent l’aide de deux corsaires renommés : les frères Arudj et Khayr ad-Din Barberousse. Cette intervention est un événement majeur qui marque le début d’une période de confrontation entre l’Espagne et l’Empire ottoman pour la domination des territoires du Maghreb et celle du bassin occidental de la Méditerranée. En 1534, Khayr ad-Din Barberousse s’empare de Tunis mais est obligé de s'enfuir après la prise de la ville par les Espagnols de Charles Quint. Le gouvernement ottoman décide alors de se doter enfin de la flotte qui lui manque. En 1560, Dragut prend Djerba à la suite de la bataille éponyme et, 35 ans plus tard, Tunis est définitivement reprise par les Ottomans. En 1575, la Tunisie devient une province de l’empire mais les gouverneurs vivent retranchés dans les ports, les Bédouins étant livrés à eux-mêmes. La conquête de l’intérieur n’est vraiment achevée que par Ali I Bey et Hammouda Bey. Tunis, mais également Alger et Tripoli, deviennent dès lors pour les chrétiens les « régences barbaresques ». Le XVIIe siècle voit une émancipation progressive des régences vis-à-vis de la tutelle ottomane car, les Ottomans étant peu nombreux au Maghreb, leur rôle ne cesse de décroître au profit des indigènes.
Au bout de quelques années d’administration turque (1590), les 4 000 janissaires de Tunis s’insurgent et placent à la tête de l’État un dey, et sous ses ordres, un bey chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Rapidement, ce dernier devient le personnage principal de la régence aux côtés du pacha, qui est confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point que qu’une dynastie beylicale est fondée par Mourad Ier en 1612. Durant la même période, les activités des corsaires connaissent leur paroxysme car l’autonomie croissante vis-à-vis du sultan entraîne une baisse de son soutien financier et les régences doivent donc accroître le nombre de leurs prises sur mer afin de survivre.
Le XVIIIe siècle voit s’ériger Tunis et ses voisins en États quasi-indépendants, la dynastie des Husseinites ne reconnaissant plus qu’un vague lien de sujétion vis-à-vis du sultan. Ils ne lui paient plus de tribut mais lui envoient des cadeaux. Dans le même temps, la course, si elle ne disparaît pas, décline largement. De plus, le détournement vers l’Atlantique d’une grande partie du trafic commercial ainsi que la mauvaise gestion beylicale entraînent l’asphyxie financière du territoire qui est de plus en plus convoité par les Européens.
Protectorat et lutte nationaliste [modifier]
Article détaillé : Protectorat français en Tunisie.
En effet, la Tunisie apparaît comme un enjeu stratégique à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. Elle est donc l’objet des convoitises rivales de la France et de l’Italie, la première entendant assurer la sécurité de ses territoires algériens et éviter que l’Italie ne contrarie ses ambitions en Égypte et au Levant en prenant le contrôle des accès de la Méditerranée orientale. Confrontés à une surpopulation inquiétante, les dirigeants du jeune royaume d’Italie rêvent d’une grande politique coloniale et ce territoire, où la minorité européenne est constituée pour l’essentiel d’Italiens, est un objectif dont la conquête constitue une priorité pour le gouvernement de Rome. Roustan et Maccio, les deux consuls français et italien, se dépensent sans compter pour profiter des difficultés financières du bey. Les incursions des pillards kroumirs en territoire algérien fournissent le prétexte nécessaire et Jules Ferry, soutenu par Léon Gambetta, fait valoir qu’il est nécessaire d’aller s’emparer en Tunisie de la « clé de la maison algérienne ». En avril 1881, les troupes françaises pénétrent dans le pays et Sadok Bey, ne tentant pas de résister, accepte de signer, le 12 mai, le traité du Bardo qui fait de la Tunisie un protectorat français. En 1883, après avoir maté un soulèvement de tribus, les Français confient l’organisation de la conquête au résident général Paul Cambon. Après une période d’administration militaire, des contrôleurs civils venus d’Algérie se substituent aux caïds locaux.
Procès de l'affaire du Djellaz (1911)
Le pays est alors marqué par de profondes mutations touchant tous les domaines : il est doté d’une infrastructure ferroviaire, routière et portuaire, l’objectif de la colonisation étant la mainmise sur les ressources du pays. On entame également l’exploitation des ressources minières et d’importants investissements dans une agriculture mécanisée à hauts rendements. Or, la dégradation progressive de la situation économique et sociale suscite la formation d’une bourgeoisie réformiste, l’effervescence nationaliste et la conscientisation de la population autochtone. Le mouvement de libération nationale émerge avec des intellectuels de deux tendances : ceux issus du Collège Sadiki et de l'Université Zitouna dont Béchir Sfar et Ali Bach Hamba et ceux issus du Lycée Carnot dont Abdeljelil Zaouche et Hassen Guellaty. En 1911 et 1912, plusieurs émeutes déclenchées à Tunis au moment de la guerre italo-turque donnent le point de départ d'un mouvement d’opposition organisé mais faisant l’objet d'une répression très dure. Après la Première Guerre mondiale, la création du Destour, en 1920, relance le mouvement nationaliste qui est néanmoins touché par l’arrestation et l’exil, en 1925, des leaders de la Confédération générale des travailleurs tunisiens. La crise des années 1930 et les changements politiques, survenus en France et en Europe, favorisent la naissance de nouvelles organisations politiques, syndicales, philanthropiques, sportives, culturelles et de jeunesse. Cette dynamique nouvelle permet à Habib Bourguiba, aidé par ses camarades Mahmoud Materi, Tahar Sfar et Bahri Guiga, de quitter le Destour et de créer, le 2 mars 1934, le Néo-Destour.
Toutefois, les autorités du protectorat tentent de contenir toute tentative de renversement de l’ordre établi : les chefs du Néo-Destour sont déportés dans le sud du pays puis libérés, en 1936, par le gouvernement de Léon Blum qui ouvre des négociations interrompues en juin 1937. Des incidents sanglants se produisent en juillet et provoquent à nouveau l’arrestation des leaders du Néo-Destour et la proclamation, en 1938, de l’état de siège. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie devient le théâtre des premières opérations communes entre l’armée américaine et son alliée britannique en 1942-1943. Le corps principal de l’armée britannique commandé par le général Bernard Montgomery avance à partir de la Libye, après sa victoire dans la bataille d’El-Alamein, en direction du sud de la Tunisie (ligne Mareth) tandis que les États-Unis et d’autres alliés approchent par l’ouest à la suite de leur débarquement en Algérie et au Maroc (Opération Torch). L’Allemagne étant alors engagée dans la bataille de Stalingrad, il est facile de considérer la campagne de Tunisie comme un événement mineur mais en réalité elle a un impact important : elle ouvre la route de la Sicile et de l’Italie aux Alliés. Le conflit interrompt à peine l’action des nationalistes : dès la fin des années 1940, le mouvement prend de l’ampleur. Pour avoir tenté de canaliser à son profit les idées nationalistes, Moncef Bey est déposé après la libération qui met fin à l’occupation allemande du pays (novembre 1942-mai 1943). Il est remplacé par son cousin Lamine Bey.
Discours de Bourguiba à Bizerte (15 janvier 1952)
En août 1950, ce dernier forme un gouvernement auquel participe le secrétaire général du Néo-Destour. Cependant, face aux atermoiements de la France, Bourguiba se résout à la confrontation et encourage la résistance armée. Il est à nouveau arrêté en janvier 1952. En 1954, les choses changent brusquement avec l’arrivée de Pierre Mendès France à la tête du gouvernement français : la France consent à négocier avec les nationalistes. Dans un discours prononcé à Carthage, le 31 juillet, Mendès France s’engage à accorder l’autonomie interne qui fait l’objet des conventions signées, le 3 juin 1955, avec Tahar Ben Ammar. Le 20 mars 1956, un protocole abolit le traité du Bardo et reconnaît l’indépendance de la Tunisie[5].
Tunisie indépendante [modifier]
Article détaillé : Tunisie depuis 1956.
Le Néo-Destour obtient 95 % des suffrages aux élections de mars 1956. Devenu chef du gouvernement, Habib Bourguiba brise l’opposition de Salah Ben Youssef, écarte Lamine Bey et, le 25 juillet 1957, proclame la république dont il devient le premier président. Il met sur pied un régime qui se veut à la fois moderniste (laïcisation de l’enseignement, promulgation du Code du statut personnel, etc.), libéral (reconnaissance des libertés fondamentales) et socialiste (réforme agraire et développement planifié). Les relations avec la France sont tout d’abord difficiles comme le révèle, en 1961, la crise de Bizerte (dernière base militaire française en Tunisie qui est finalement évacuée le 15 octobre 1963).
Néanmoins, passé les premiers temps de l’indépendance, sa politique suscite une montée des mécontentements. Une nouvelle série de nationalisations de terres en 1964 provoque la suspension de l’aide financière française. En septembre, le dinar tunisien doit être fortement dévalué. Réélu président le 8 novembre, Bourguiba est critiqué par les pays arabes pour ses positions modérées envers Israël avec qui il a demandé à ses pairs arabes de négocier pour résoudre la question palestinienne. Les relations diplomatiques avec l’Égypte sont rompues en octobre 1967, puis avec la Syrie en mai 1968. La détérioration des rapports entre le Parti socialiste destourien (PSD) et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) aboutit à l’arrestation et à la condamnation, en janvier 1966, d’Habib Achour (secrétaire général du syndicat). Le projet d’accélération de la réforme agraire provoque un mécontentement généralisé. En novembre 1969, le ministre en charge du dossier, Ahmed Ben Salah, est déchu et exclu du parti. Après la réélection de Bourguiba, le 2 novembre, le premier ministre Bahi Ladgham met fin à la réforme agraire, augmente les salaires des ouvriers et abaisse les prix. Bourguiba confie l’année suivante à Hédi Nouira le soin d’assurer la relance de l’économie tunisienne. La loi qu’il fait adoptée en avril 1972 encourage ainsi les investissements étrangers.
Au congrès du PSD (octobre 1971), les libéraux l’emportent mais sont écartés du bureau politique. Leur dirigeant, le ministre de l’intérieur Ahmed Mestiri, est exclu du parti en janvier 1972. En janvier 1974, Bourguiba et le colonel Mouammar Kadhafi décident de fusionner la Tunisie et la Libye. Le projet est annulé en mars et le ministre des affaires étrangères Mohamed Masmoudi est écarté du gouvernement. Élu président à vie du PSD, Bourguiba fait exclure les opposants et adopter le système du parti unique. Réélu le 3 novembre, il est élu, en mars 1975, président à vie. Mais les crises, dès lors, se succèdent. L’UGTT déclenche, le 26 janvier 1978, une grève générale qui dégénère en une émeute brutalement réprimée par l’armée. Les principaux responsables du syndicat sont arrêtés et Achour est condamné à 10 ans de travaux forcés. Face à la menace, les dirigeants de l’UGTT sont amnistiés (à l’exception de Ben Salah) et, lors du congrès du PSD (avril 1981), Bourguiba affirme les droits des syndicats à l’autonomie et l’évolution vers le multipartisme. Toutefois, la hausse du prix des produits de première nécessité provoque, début 1984, de graves émeutes. Bourguiba, malade et affaibli par l’âge, voit autour de lui se multiplier les candidats à sa succession et l’autorité de l’État s’amoindrir. Après l’attaque cérébrale de Nouira, il nomme Mohamed Mzali comme premier ministre. La politique économique est alors marquée par une crise financière grave marquée notamment par un épuisement des réserves en devises du pays. Bourguiba nomme au mois de juillet 1986 un technocrate, Rachid Sfar, à la tête du gouvernement. Mais sa santé se dégradant de plus en plus, il passe sous l’influence de son entourage et prend des décisions incohérentes alors que la confrontation avec le mouvement islamiste menace la stabilité du pays.
Déclaré « médicalement empêché », le président Bourguiba est destitué le 7 novembre 1987 et remplacé, conformément à la constitution, par le premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali. Doté de nouvelles structures, le PSD devient le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) et un processus de renouvellement des dirigeants est engagé. La constitution abolit les dispositions relatives à la présidence à vie et des mesures d’amnistie sélectives sont prises. Le 2 avril 1989, Ben Ali, est élu président et le RCD obtient la quasi-totalité des sièges à la Chambre des députés. Pourtant, de graves incidents se produisent, le 8 mai 1991, sur le campus universitaire de Tunis : deux étudiants sont tués. Le 22 mai, un projet de complot de l’organisation islamiste Ennahda, visant à assassiner le président Ben Ali, est découvert. Cinq auteurs de l’attaque sanglante (17 février) contre un local du RCD en plein centre de Tunis sont exécutés le 9 octobre. En juin 1992, la Ligue tunisienne des droits de l’homme est dissoute et 279 islamistes sont jugés au cours de deux procès, en juillet-août, pour le complot de 1991 : les principaux dirigeants d’Ennahda, dont certains sont en fuite, sont condamnés à la prison à perpétuité. Cependant, la libéralisation de l’économie et les efforts en faveur du développement économique se poursuivent.
Reconduit en 1994, le président Ben Ali renforce son emprise sur l’État et continue à répondre à la montée islamiste par une implacable répression. La modification du code électoral permet aux partis d’opposition de siéger à l’Assemblée nationale mais, aux élections municipales de 1995, l’opposition n’obtient, dans l’ensemble du pays, que six sièges sur 4 090. Ben Ali est ensuite reconduit en 1999 puis en 2004 (à la suite d’une modification constitutionnelle).
Politique [modifier]
Articles détaillés : Politique de la Tunisie, Président de la République tunisienne et Partis politiques tunisiens.
Politique intérieure [modifier]
Zine el-Abidine Ben Ali
Le président de la République tunisienne est élu tous les cinq ans au suffrage universel et il peut se présenter aux élections autant de fois qu’il veut pour autant qu’il ait moins de 75 ans. Zine el-Abidine Ben Ali, l’actuel détenteur du poste, est élu le 24 octobre 2004 pour un quatrième mandat. La Tunisie ne connaît que deux présidents au cours de son histoire moderne : Habib Bourguiba (25 juillet 1957-7 novembre 1987), avec comme premiers ministres Bahi Ladgham, Hédi Nouira, Mohamed Mzali, Rachid Sfar et Zine el-Abidine Ben Ali, puis Ben Ali (depuis le 7 novembre 1987) avec comme premiers ministres Hédi Baccouche, Hamed Karoui et Mohamed Ghannouchi. Le pouvoir législatif, bicaméral depuis 2002, est exercé par la Chambre des députés, composée de 189 députés (dont 37 de l’opposition) élus au suffrage universel, et par la Chambre des conseillers (qui tient sa séance inaugurale le 16 août 2005) qui comprend 112 membres.
La constitution actuelle est celle qui est proclamée le 1er juin 1959, trois ans après l’indépendance. Elle a subi plusieurs amendements dont celui du 12 juillet 1988 pour limiter le nombre de mandats présidentiels à trois (après que Bourguiba eut été proclamé président à vie) et celui du 1er juin 2002 suite au référendum tenu le 26 mai de la même année, permettant notamment la suppression de la limite du nombre de mandats présidentiels, l’allongement de l’âge limite pour déposer une candidature à la présidence, l’instauration d'une immunité judiciaire pour le président (durant et après l’exercice de ses fonctions) et l’instauration d’un parlement bicaméral.
Le RCD, parti au pouvoir, fut durant 25 ans le seul parti politique légal — alors qu’il portait le nom de PSD — et domine toujours la vie politique avec plus de deux millions d’adhérents revendiqués. La scène politique du pays compte actuellement six partis politiques d’opposition légaux, un minimum de 20 % des 189 sièges de la Chambre des députés leur étant garanti par la loi.
Le manque de transparence politique, la faible liberté d'expression et la censure (notamment de la presse et de nombreux sites Web) font qu’une situation politique précise de la Tunisie est difficile à déterminer. De nombreuses ONG internationales pointent du doigt les atteintes aux droits de l’homme en Tunisie notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté d’expression, les prisonniers politiques et d’opinion détenus, l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif, la torture et la situation dans les prisons tunisiennes, ainsi que le harcèlement de toute dissidence politique.
Politique extérieure [modifier]
Article détaillé : Relations internationales de la Tunisie.
Le premier président, Habib Bourguiba, choisit le non-alignement durant la guerre froide tout en ayant des relations étroites avec l’Europe et les États-Unis. Son successeur, Zine el-Abidine Ben Ali, maintient la tradition tunisienne de bonnes relations avec l’Occident tout en jouant un rôle actif dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en mai 2004, la 16e session ordinaire du sommet de la Ligue arabe (dont elle est membre depuis 1958) et envoie régulièrement de l’aide humanitaire aux Palestiniens et aux États arabo-musulmans en crise comme le Liban, en 2006, ou l’Indonésie après le tsunami du 26 décembre 2004. Le pays est également un membre fondateur de l’OUA, dont elle assure la présidence en 1994-1995, avant de participer à la fondation de l’Union africaine en juillet 2002. La Tunisie a également soutenu le développement de l’Union du Maghreb arabe qui inclut l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Libye. Toutefois, ses progrès restent limités en raison de tensions entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. En février 2001, la Tunisie adhère à la Communauté des États sahélo-sahariens et accueille le siège de la Banque africaine de développement en 2003.
Le pays est depuis longtemps une voix modérateur sur la question du Proche-Orient : Bourguiba est ainsi le premier dirigeant arabe à appeler à la reconnaissance d’Israël par les pays arabes dans un discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965[6]. Le pays abrite le quartier général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de l’OLP de 1982 à 1993 (jusqu’à ce que son comité exécutif s’installe dans les Territoires occupés bien que son département politique reste à Tunis). Le pays joue également un rôle modérateur dans les négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays arabe à recevoir une délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus de paix, et maintient une représentation en Israël jusqu’au début de la seconde Intifada en 2000.
Coincée entre l’Algérie et la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations avec ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et l’Algérie ont résolu une longue dispute frontalière en 1993 et ont coopéré dans la construction du gazoduc transméditerranéen menant vers l’Italie. La Tunisie a par ailleurs récemment signé un accord avec l’Algérie pour démarquer la frontière maritime entre les deux pays. Vis-à-vis de son autre voisin, les relations avec sont plus difficiles à partir de l’annulation par la Tunisie d’un accord visant à la formation d’une union tuniso-libyenne en 1974. Les relations diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en 1980 lorsque des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville de Gafsa. En 1982, la Cour internationale de justice tranche le différend relatif à la partition du plateau continental frontalier (riche en pétrole) en faveur de la Libye. L’expulsion par la Libye de nombreux travailleurs tunisiens en 1985 et les menaces militaires américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs relations qui sont à nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de l’ONU imposées à la Libye, à la suite de bombardements aériens américains, la Tunisie prend soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient ainsi la levée de ces sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi l’un de ses partenaires commerciaux majeurs. Néanmoins, les deux pays ont encore un contentieux maritime sur leur frontière commune.
La Tunisie revendique également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum méditerranéen, dont elle organise l’édition 2005, et devient le premier pays du bassin méditerranéen à signer, le 17 juillet 1995, un accord d’association avec l’Union européenne dans le but de renforcer son ancrage à l’Europe. Avec son plus proche voisin européen, Malte, la Tunisie discute actuellement de l’exploitation pétrolière du plateau continental qui se trouve entre les deux pays.
L’action politique de la Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors d’un discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à la création d’un Fonds mondial de solidarité (en s’inspirant du Fonds de solidarité nationale) visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le monde. L’Assemblée générale adopte à l’unanimité, le 20 décembre 2002, une résolution portant création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa mise en place.
Gouvernorats [modifier]
Article détaillé : Gouvernorat.
La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux :
Tunis (تونس), Ariana (أريانة), Ben Arous (بن عروس), La Manouba (منوبة), Béja (باجة)
Jendouba (جندوبة), Le Kef (الكاف), Siliana (سليانة), Bizerte (بنزرت), Nabeul (نابل)
Zaghouan (زغوان), Gafsa (قفصة), Kairouan (القيروان), Kasserine (القصرين)
Mahdia (المهدية), Monastir (المنستير), Sfax (صفاقس), Sidi Bouzid (سيدي بوزيد)
Sousse (سوسة), Gabès (قابس), Kébili (قبلي), Médenine (مدنين), Tataouine (تطاوين), Tozeur (توزر)
À leur tête se trouvent des gouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les « dépositaires » de l’autorité de l’État. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions :
le conseil local de développement
le conseil rural
le comité de quartier
Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés d’examiner « toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels. » Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que l’État envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation du ministre de l’intérieur).
Justice [modifier]
Le droit tunisien reste largement inspiré par le droit français, tant dans son contenu que dans ses grandes divisions (public et privé) et ses structures.
Modifiée à plusieurs reprises, la constitution tunisienne garantit les principes fondamentaux suivants :
l’indépendance de la justice (art. 65) : selon cette disposition, la justice et le corps des juges devraient jouir d’une pleine indépendance. En réalité, la justice tunisienne demeure influencée par le pouvoir exécutif. Ainsi, en tant que chef du Conseil supérieur de la magistrature, le président nomme par décret les magistrats, les révoque ou les transfert sur proposition dudit conseil.
la garantie de certains principes fondamentaux du droit comme le principe de la présomption d’innocence (art. 12), la non-rétroactivité de la loi (art. 13), l’inviolabilité de domicile, la liberté de mouvement et les libertés d’opinion, d’expression, de publication, de réunion et d'association. Ces droits peuvent être toutefois limités par des dispositions légales ou la sécurité d’État (art. 8-10).
Le système juridictionnel est précisé par la loi portant sur l’organisation judiciaire de 1967, les règles de compétence (attribution, compétence territoriale et compétence d’exception) étant stipulées dans d’autres textes dont le Code de procédure pénale du 24 juillet 1968. Le système judiciaire est composé de deux grands ensembles : les juridictions civiles (ordinaire, pénale et spéciale) placé sous le contrôle du ministère de la justice et les juridictions spéciales : Conseil de Prud’hommes, Tribunal immobilier, Conseil d’État (Tribunal administratif et Cour des comptes), Haute Cour (destinée à juger le crime de trahison commis par un membre du gouvernement) et Tribunal militaire (qui n’est pas une juridiction d’exception selon les autorités tunisiennes). Le domaine de compétence de ce dernier s’étend principalement aux atteintes à la sécurité nationale et à la sûreté intérieure de l’État.
Géographie [modifier]
Article détaillé : Géographie de la Tunisie.
Topographie de la Tunisie
La Tunisie est le pays le plus au nord du continent africain. Il est séparé de l’Europe par 140 kilomètres au niveau du détroit de Sicile et rattaché au Maghreb dont il est le plus petit État. Disposant d’une superficie de 163 610 km²[7], le pays est limité à l’ouest par l’Algérie (965 kilomètres de frontière commune), au sud-est par la Libye (459 kilomètres) et au nord et à l’est par la mer Méditerranée (1 298 kilomètres de côtes).
Les terres cultivées représentent 4,9 millions d’hectares dont 1,6 consacré à la culture des céréales, 1,6 consacré à la culture de l’olivier et 400 000 hectares consacrés aux cultures irriguées. Le désert occupe une superficie comprise entre 33% et 40% du territoire selon qu’on le définisse d’après l’aridité ou selon des caractéristiques paysagères.
La Tunisie possède un relief contrasté entre une partie septentrionale et occidentale montagneuse située dans l'extension du massif montagneux de l'Atlas — son point culminant est le Djebel Chambi (1 544 mètres) — et coupée par la plaine de la Medjerda (seul cours d’eau alimenté de façon continue), une partie orientale plane s'étendant entre Hammamet et Ben Gardane et une partie méridionale désertique divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg Oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes se déroule sur 1 298 kilomètres dont 575 de plages sablonneuses. Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.
Climat [modifier]
Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen de celles soumises au climat aride engendré par le Sahara. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents chauds et secs tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines. Le pays bénéficie également d’un taux d’ensoleillement important (dépassant 3 000 heures par an). Les températures varient en raison de la latitude, de l’altitude et de la proximité ou de l’éloignement de la mer Méditerranée. S’il peut faire quelques degrés au-dessous de 0°C en hiver dans les montagnes de Kroumirie, la température grimpe parfois en été aux environs de 50°C dans les régions désertiques. La pluviométrie annuelle varie également selon les régions : d'environ 1 000 millimètres au nord à environ 380 millimètres au centre et environ 300 millimètres au sud.
Environnement [modifier]
Paysage du Sud tunisien
Banlieue de Tunis
La flore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de l’Europe méridionale et comprend prairies, garrigue, maquis et forêts de chênes-liège. Plus au sud, la végétation est de type steppique avec une dominance de l'alfa. Dans les régions arides de l'extrême sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers.
Huit aires naturelles ont été érigées en parcs nationaux. Le parc national de l'Ichkeul, qui s’étend sur 12 600 hectares, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Il existe également 16 réserves naturelles qui ont pour but d’être un habitat pour des espèces ayant une valeur écologique et économique et en tant qu’écosystèmes vulnérables.
Selon une étude du programme méditerranéen du WWF, la région côtière du nord-ouest figure parmi les 13 sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leur biodiversité et leurs espèces végétales et animales uniques.
Géographie humaine [modifier]
Articles détaillés : Urbanisation de la Tunisie et Liste des municipalités de Tunisie.
L'espace tunisien apparaît inégalement peuplé et développé sur le plan socio-économique selon un gradient intérieur-littoral (ouest-est). Les treize gouvernorats côtiers totalisent 65,3% de la population totale avec une forte densité de population (140 habitants par km²). L'économie y est diversifiée et c'est l'activité industrielle qui se démarque le plus avec la concentration de 85% des établissements industriels du pays et même de 87,5% de l'emploi dans ce secteur économique.
La Tunisie est urbanisée à 64,9 % (2005)[8] et connaît un taux d’urbanisation annuelle de 3,6 %. Le réseau urbain se situe sur la bande littorale orientale, entre les régions de Tunis et Gabès en passant par le Sahel et Sfax (centre-est du pays), qui dispose des plus grandes infrastructures économiques et concentre plus de 80 % de la population urbaine. Les principales agglomérations sont :
Tunis : 728 453 habitants (2 083 000 en intégrant le Grand Tunis)
Sfax : 265 131 habitants (500 000 en intégrant le Grand Sfax)
Sousse : 173 047 habitants (400 000 en intégrant le Grand Sousse)
Kairouan : 117 903 habitants
Gabès : 116 323 habitants (170 000 en intégrant le Grand Gabès)
Bizerte : 114 371 habitants (150 000 en intégrant le Grand Bizerte)
Économie [modifier]
Article détaillé : Économie de la Tunisie.
Entre 1956 et 1960, pour affirmer le contrôle public dans les secteurs-clefs, le gouvernement prend en main la direction du secteur bancaire et nationalise les sociétés de transport, d’électricité, de gaz naturel et d’eau. Dans le même temps, le 18 octobre 1958, le dinar tunisien devient la monnaie officielle. Cependant, l’importance croissante de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) mène le pays vers l’adoption du socialisme. Les objectifs principaux sont alors la « décolonisation économique », l’amélioration du niveau de vie, la réduction de la dépendance des capitaux extérieurs et la création d’un marché national. En mai 1964, l’Assemblée nationale décrète l’expropriation des terres en possession étrangère afin d’établir 300 fermes coopératives d’État. Toutefois, l’expérience rencontre des difficultés insurmontables et est interrompue en septembre 1969 suite à la parution d’un rapport de la Banque mondiale sur le déficit des entreprises publiques. Avec l’arrivée d’Hédi Nouira à la tête du gouvernement, l’État engage son retrait du secteur industriel en l’ouvrant à l’investissement privé. En réalité, la Tunisie maintient largement le subventionnement des prix, le secteur financier est entièrement géré par le gouvernement et l’économie est protégée par des droits de douane très élevés et des restrictions d’importation. Cependant, l’économie bénéficie de résultats positifs grâce aux deux chocs pétroliers, qui font augmenter les prix du pétrole et des phosphates, mais aussi grâce à une production agricole en hausse et à des recettes touristiques plus élevées. Néanmoins, la Tunisie reste dépendante des recettes pétrolières et est pénalisée par son endettement extérieur, grevant les finances publiques qui assurent jusque-là les rentes. De plus, elle n’a pas de base productive en mesure d’absorber le surplus de travailleurs et d’exporter une gamme de produits diversifiée et compétitive. Le manque d’investissement de l’État dans les infrastructures entrave encore la croissance et dissuade les investisseurs privés. Entre 1985 et 1986, les agitations sociales augmentent de façon dramatique où l’UGTT organise des grèves et des manifestations contre l’augmentation du chômage et la politique salariale. En conséquence, le gouvernement conduit par le premier ministre Rachid Sfar se met d’accord avec le Fonds monétaire international sur la mise en place d’un programme de réforme économique. Au bout de 18 mois, les grands déséquilibres internes et externes sont maîtrisés, la dette extérieure reste raisonnable et une croissance du PIB de 4,3 % est atteinte. Dès le début des années 1980, le gouvernement considère aussi la privatisation des entreprises étatiques pour mettre fin à leur endettement. Les secteurs concernés sont surtout le tourisme, les matériaux de construction, l’industrie textile, l’industrie agroalimentaire et la pêche, la mécanique et l’électrotechnique. De plus, le gouvernement encourage l’industrie manufacturière produisant uniquement pour l’exportation en lui donnant la possibilité de s’implanter partout dans le pays tout en travaillant sous le règlement des zones de libre-échange.
Données
Valeurs
Produit intérieur brut
36,522 milliards de dollars (2006)
Produit intérieur brut par habitant
3 600 dollars (2006)
Main d'œuvre par secteurs (2006)
agriculture : 16,3 %
industrie : 34,3 %
services : 48,9 %
Taux de chômage
13,9 % (2006)
Dette extérieure
18,37 milliards de dollars (2006)
Indice de développement humain
87e (2006)
Population sous le seuil de pauvreté
7,4 % (2005)
Coefficient de Gini
0,40 (2005)
Sources : CIA World Factbook[9]
Exportations de la Tunisie en 2005 (sources : Banque centrale de Tunisie[10])
Depuis l’indépendance de la Tunisie, l’agriculture a enregistré des taux de croissance importants et a permis au pays d’atteindre un niveau de sécurité alimentaire suffisant. En dépit du développement des autres secteurs de l’économie nationale, l’agriculture conserve une importance sociale et économique : elle assure environ 12,3 % du PIB et emploie 16,3 % de la main-d’œuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (4e producteur mondial et 2e exportateur mondial)[11], les dattes, les agrumes et les produits de la mer. La gestion de l’agriculture appartient encore à des organismes d’État tels les offices des céréales, de la pêche ou de l’huile mais le secteur agricole est de plus en plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans l’industrie agroalimentaire tel le groupe Poulina qui est le premier groupe privé du pays.
En matière industrielle, la Tunisie est le premier exportateur d’Afrique en valeur absolue : elle est ainsi passée devant l’Afrique du Sud en 1999[12]. Les secteurs du textile et de l’agroalimentaire représentent 50 % de la production et 60 % de l’emploi de l’industrie manufacturière. Mais, après avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), l’industrie tunisienne fait aujourd'hui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les exportations de produits mécaniques et électriques se sont multipliées par cinq entre 1995 et 2005[13]. Quatrième fournisseur de l’Union européenne en produits textiles, elle était jusqu’en 2002 le premier fournisseur de la France avant d’être surclassée par la Chine en 2003. Les ressources naturelles de la Tunisie restent quant à elles modestes, ce qui contraint le pays à importer du pétrole.
Dans le secteur des services, le développement du tourisme remonte aux années 1960 grâce à l’action conjuguée de l’État et de groupes privés. Le secteur touristique représente 6,5 % du PIB et fournit 340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit 11,5 % de la population active occupée avec une forte part d’emploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de 250 000 touristes durant toute l’année) est en fort développement. Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme médical sont apparus et croissent très rapidement. Le commerce et la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories[14]. Ainsi, le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel avec 88 % (2006) du chiffre d’affaires, l'essentiel des transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre d’affaires global et regroupe des enseignes nationales et internationales, n’est apparue que lorsque le marché s’est libéralisé en 1999[15].
Transport [modifier]
Article détaillé : Transport en Tunisie.
Appareil de Tunisair
La Tunisie compte aujourd’hui sept ports de commerce (Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La Goulette) tandis qu’un port en eaux profondes va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de l’Office de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du commerce extérieur tunisien[15]. Avec ses 550 000 passagers et ses 415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est l’une des destinations les plus appréciées dans l’ouest du bassin méditerranéen[15]. La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et assure des lignes régulières reliant les deux rives de la mer Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone). Le pays compte par ailleurs trente aéroports dont sept aéroports internationaux. Le principal aéroport du pays est celui de Tunis-Carthage, situé à dix kilomètres de la capitale. En 2005, 39,2 % du trafic s’effectue par l’aéroport international de Tunis-Carthage. Plus des deux-tiers du trafic commercial aérien sont destinés à l’Europe.
Le transport ferroviaire assure plus du tiers des déplacements nationaux à travers un réseau national de 2 153 kilomètres de voies ferrées[16]. Le réseau est exploité par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) ainsi que par la Société du métro léger de Tunis spécialisée dans le transport urbain dans la région de Tunis.
Le réseau routier s’étend sur 19 300 kilomètres dont 12 655 kilomètres de routes goudronnées ainsi que de trois autoroutes reliant Tunis à M’saken au sud (prolongée jusqu'à Sfax fin 2007), Bizerte au nord ou Oued Zarga à l’ouest. Le secteur du transport routier domine les transports terrestres de voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins contrôlé par les sociétés étrangères à cause du petit nombre d’entreprises tunisiennes.
Démographie [modifier]
Articles détaillés : Démographie de la Tunisie et Tunisiens à l'étranger.
Structure de la population de la Tunisie
Population
10 276 158 habitants
Densité de la population
62,2 hab./km²
Taux de croissance de la population
0,989 %
Âge médian (population totale) - Hommes - Femmes
28,3 ans27,7 ans28,8 ans
Structure par âge - 0-14 ans - 15-64 ans - 65 ans et plus
24 %69,2 %6,9 %
Rapport de masculinité (population totale) - À la naissance- Moins de 15 ans- 15-64 ans- 65 ans et plus
1,015 homme/femme1,07 homme/femme1,066 homme/femme1,009 homme/femme0,9 homme/femme
Part de la population urbaine
65,3 %
Sources: CIA World Factbook[17] et ONU[18]
Alors que la vaste majorité des Tunisiens (98 %) s’identifient culturellement aux Arabes, certaines études tendent à indiquer qu’ils seraient ethniquement plus proches des Berbères mais aussi de certains Européens :
« Comparés avec d’autres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de l’Ouest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au VIIe ou VIIIe siècle[19]. »
Toutefois, de nombreuses civilisations ont envahi le pays puis ont été assimilées à des degrés divers : Phéniciens[20], Romains, Vandales venant d’Allemagne, Ottomans et enfin Français. De plus, beaucoup de Maures et de Juifs arrivèrent d’Andalousie à la fin du XVe siècle.
Les premiers Arabes orientaux, venus à partir du VIIe siècle avec les conquêtes musulmanes, ont contribué à l’islamisation de la majeure partie de l’Ifriqiya. À cette occasion se créent quelques villes nouvelles dont Kairouan et Mahdia. C’est à partir du XIe siècle, avec l’arrivée des tribus hilaliennes chassées d’Égypte, que l’arabisation linguistique et culturelle devient déterminante[21]. Certains groupes, descendants des Berbères, ont cependant su conservé leur langue et leurs coutumes, souvent en raison de leur enclavement géographique[22]. En effet, de nos jours, ils habitent souvent les régions de montagnes (Matmata, Tataouine, Gafsa ou Sbeïtla). Toutefois, les Berbères, qui représentent une forte minorité ethnique au Maroc et en Algérie, restent peu nombreux en Tunisie[17].
Presque la totalité des Tunisiens (98 % de la population) est de confession musulmane sunnite de rite malékite. De la forte population juive qui a existé durant 2 000 ans, au sud de Djerba, il n’en reste plus aujourd’hui qu’une infime partie, vivant principalement dans la région de Tunis, car la majorité des Juifs tunisiens ont en effet émigré vers Israël ou la France. Il existe également une petite population chrétienne. Les quelques tribus nomades, minoritaires, sont pour la plupart intégrées et sédentarisées.
La Tunisie a dépassé le cap des 10 millions d'habitants en 2005, ce qui correspond à un triplement de sa population depuis 1956 (3 448 000 habitants) et à un doublement depuis le début des années 1970. Néanmoins, la croissance démographique ralentit, le pays accélérant sa transition démographique dans les années 1990. L'indice de fécondité recule graduellement : le nombre d'enfants par femme est passé de près de 6 dans les années 1960 à 3,4 en 1994 et serait de deux en 2006 (niveau le plus faible du monde arabe). Ainsi, l’accroissement annuel est réduit à 1,08[23]. Mais la Tunisie est aussi un pays qui connaît aussi un taux important d’émigration : le nombre de Tunisiens résidant à l’étranger est évalué à 885 000 personnes. 83 % d’entre eux résident en Europe dont 511 000 en France.
Culture [modifier]
Article détaillé : Culture de la Tunisie.
La culture de la Tunisie est riche de ses 3 000 ans d’histoire et reflète ses cultures punique, arabe, turque, africaine, européenne et musulmane ainsi que l’influence des dynasties successives qui règnent sur le pays. Les sites historiques (amphithéâtre d’El Jem et ruines de Carthage), les musées (dont le Musée national du Bardo), l’architecture des villes (Sidi Bou Saïd et son influence arabo-andalouse), la cuisine (baguette, fromage et croissant français ainsi que pâtes italiennes) et la musique témoignent de ce passé où les cultures du bassin méditerranéen se sont croisées.
Religion [modifier]
Article détaillé : Religion en Tunisie.
L’islam est la religion principale de la Tunisie avec un taux qui avoisine les 98 % de la population. Le judaïsme et le christianisme y sont très minoritaires mais la Tunisie se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux autres cultures qui ont fait l’identité du pays.
Les Tunisiens conservent quelques croyances d’origine berbère comme le mauvais œil. Nombre de pratiques et de grigris doivent servir à le repousser. Par ailleurs, le pays est parsemé de petites constructions blanches appelées marabouts. Ce sont les tombeaux de sages qui, par leur méditation, étaient censés guérir les malades et les aveugles. Aujourd’hui, les Tunisiens continuent à les prier et à leur demander quelques faveurs.
La constitution tunisienne prévoit l’exercice libre des religions tant qu’elles ne portent pas atteinte à l’ordre public. Le gouvernement respecte généralement ce droit. Cependant, il ne permet pas l’établissement de partis politiques basés sur la religion, interdit le prosélytisme et limite le port du hijab (notamment dans les administrations et écoles publiques). Les fêtes religieuses musulmanes sont considérées comme des jours fériés (Aïd el-Kebir, Aïd el-Fitr, Mouled, etc.). Le gouvernement reconnaît également la sainteté des fêtes religieuses des non-musulmans, particulièrement celles des religions monothéistes.
Langues [modifier]
Articles détaillés : Tunisien, Français et Chelha.
La Tunisie est l’État du Maghreb le plus homogène sur le plan linguistique. Les langues parlées en Tunisie sont le tunisien (langue maternelle sémitique dérivée de l’arabe littéral et sans statut officiel) et l’arabe littéral (langue officielle enseignée dès la maternelle).
Le chelha est parlé par moins de 1 % de la population, principalement dans les villages semi-berbérophones du sud — Chenini, Douiret, Matmata, Tamezrett, etc. — ainsi que dans quelques villages de l’île de Djerba (surtout Guellala/Iqellalen, Ajim, Sedouikech/Azdyuch et Ouirsighen/At Ursighen).
L’enseignement de base est gratuit et obligatoire pour tous les enfants jusqu’à l’âge de 16 ans. Le taux d’analphabétisme y est de 22,9 % en 2004 et le taux de scolarisation des enfants de six ans, égal pour les garçons et les filles, est de 99 %. Les cours sont totalement en arabe à la maternelle ainsi qu’aux trois premières années du primaire (premier cycle). Par la suite, au second cycle du primaire et au secondaire, l’enseignement se fait moitié en arabe et moitié en français[24]. Enseigné dès 1958 à partir de l’âge de 13 ans, l’anglais sera victime des aléas de la politique de l’éducation nationale : il est enseigné dès l’âge de 15 ans en 1970, dès l’âge de 10 ans en 1994, dès l’âge de 14 ans en 1997 puis dès l’âge de 12 ans en 2000[25].
L’espagnol, l’italien, l’allemand, le russe ou le chinois sont des matières optionnelles enseignées à partir de la deuxième année du cycle secondaire[24].
Cinéma [modifier]
Article détaillé : Cinéma tunisien.
Les productions tunisiennes restent rares et confidentielles même si certaines rencontrent un certain succès hors de Tunisie. Parmi les plus connues, on peut citer Un été à la Goulette (1996) de Férid Boughedir. Cette comédie fait un flash-back sur la petite communauté de La Goulette à une époque révolue où musulmans, juifs et chrétiens cohabitent dans la tolérance et la bonne humeur. Halfaouine, l’enfant des terrasses (1990) du même Boughedir a sans doute été le plus grand succès du cinéma tunisien. Il met en scène un enfant dans le Tunis des années 1960. Nouri Bouzid porte quant à lui sur la réalité tunisienne un regard sans complaisance. Dans L’Homme de cendres (1986), il traite de la pédophilie, de la prostitution et des relations entre les communautés musulmane et juive. Dans Bezness (1991), c’est le tourisme sexuel qui se trouve dans sa ligne de mire. Les Silences du palais (1994) de Moufida Tlatli a été primé par plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux d’une jeune fille. En 2007, le paysage cinématographique tunisien voit la sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tel que Making off de Bouzid ou VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi.
La Tunisie ambitionne depuis quelques années de devenir un petit Hollywood méditerranéen. Le producteur Tarak Ben Ammar, neveu d’Habib Bourguiba, a convaincu les plus grands réalisateurs de venir tourner dans ses studios de Monastir. Roman Polanski y a filmé les Pirates et Franco Zeffirelli son Jésus de Nazareth. George Lucas a quant à lui été séduit par les décors naturels et les maisons troglodytiques du Sud tunisien où ont été tournées quelques scènes de La Guerre des étoiles. Anthony Minghella a également tourné Le Patient anglais dans les oasis du sud-ouest du pays.
Les Journées cinématographiques de Carthage, organisées tous les deux ans, constitue le plus ancien des festivals cinématographiques des pays en développement.
Musique [modifier]
Article détaillé : Musique tunisienne.
La musique tunisienne est le résultat d’un métissage culturel. Principalement influencée par les cultures arabo-andalouse, arabe et occidentale, elle est relativement diversifiée. Son courant musical classique et le plus réputé est le malouf. Toutefois, les chants traditionnels continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions urbaines et rurales se différencient quelque peu. En milieu urbain, ce sont les instruments à cordes (rebec, oud et qanûn) et les percussions (darbouka) qui dominent alors que, en milieu rural, le chant bédouin, en plus des percussions, est accompagné d’instruments à vent comme le mezoued et la gasba.
Parmi les grands chanteurs tunisiens, on peut citer Saliha, Khemaïs Tarnane, Raoul Journo, Ali Riahi, Hédi Jouini, Sadok Thraya, Mohamed Jamoussi ou encore Habiba Msika. Chez les musiciens, on peut également citer Anouar Brahem, Fawzi Chekili ou encore Lotfi Bouchnak. Dans le même temps, une majorité de la population est attirée par des musiques d’origine arabe (égyptienne, libanaise ou encore syrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès important avec l’émergence de nombreux groupes et de festivals de rock, de hip-hop, de reggae et de jazz.
Festivals [modifier]
Des centaines de festivals internationaux, nationaux, régionaux ou locaux ponctuent l’agenda annuel. Les festivals de musique et de théâtre dominent largement la scène culturelle nationale. Certains sont à vocation générale comme le Festival de Carthage alors que d’autres sont plus spécialisés comme le Festival international des arts plastiques de Mahrès ou le Tabarka Jazz Festival.
Littérature [modifier]
Article détaillé : Littérature tunisienne.
La littérature tunisienne existe sous deux formes : celle en langue arabe et celle en langue française. La littérature arabophone remonte au VIIe siècle avec l’arrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus importante en volume comme en valeur que la littérature en langue française qui suit l’implantation du protectorat en 1881. Malgré la longue histoire de la littérature tunisienne, la production nationale reste maigre : environ 120 livres en arabe, tous genres confondus, voient le jour en 2000. Parmi les grands auteurs tunisiens, on peut citer Abou el Kacem Chebbi, Moncef Ghachem et Mahmoud Messaadi.
Peinture [modifier]
Aquarelle de Macke (1914)
La peinture tunisienne est fortement marquée par l’influence de l’École de Tunis, un lieu de rencontre de peintres attachés à la Tunisie plus qu’un véritable courant artistique, fondée en 1949 pour marquer une spécificité par rapport aux courants dominants en métropole comme l’École de Paris. S’y sont rencontrés des peintres français et tunisiens : Pierre Boucherle, Yahia Turki, Antonio Corpora, Moses Lévy, Ammar Farhat, etc. Rejetant le folklore colonial et l’orientalisme, l’École de Tunis s’est mise en quête d’une peinture « proprement tunisienne ». Certains de ses membres se sont donc tournés vers les sources de l’esthétique arabo-musulmane : miniature, arabesque, architecture islamique, etc.
Après l’indépendance en 1956, le mouvement pictural tunisien est entré dans une dynamique d’édification nationale, des artistes se mettant ainsi au service de l’État tunisien. Un ministère de la culture est fondé et, sous l’impulsion de ministres tels que Habib Boularès, une politique volontariste et dynamique est mise en place, ce qui ne manque pas d’interroger la relation entre l’artiste et le pouvoir. Des artistes ont accédé à une reconnaissance internationale tels que Hatem El Mekki ou Zoubeir Turki.
Par ailleurs, la Tunisie a marqué de nombreux peintres européens. Ainsi, Alexandre Roubtzoff est souvent considéré comme le « peintre de la Tunisie ». Arrivé en 1914 à Tunis grâce à une bourse de l’Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, il choisit de s’installer définitivement en Tunisie. Jusqu’à sa mort en 1949, il produira quelques 3 000 tableaux représentant les diverses facettes de la Tunisie sous le protectorat français. Paul Klee et August Macke visitent également la Tunisie en 1914. Macke exécutera une série d’aquarelles de style cubiste alors que Klee sera marqué par la lumière et les couleurs des paysages tunisiens.
Artisanat [modifier]
Article détaillé : Artisanat tunisien.
La Tunisie est également réputée pour ses nombreux produits artisanaux :
Poterie djerbienne
Poteries : le modelage, la cuisson et le décor des poteries sont demeurés primitifs. Les lignes, les points, les traits ciliés, les dents de scie, les croix, les losanges sont autant de motifs qui rappellent les tatouages et tissus ruraux. Ce sont les potiers de Guellala qui sont à l’origine de la création d’autres centres potiers sur le littoral tunisien : Tunis, Nabeul, Moknine, etc. Mais si la poterie poreuse s’identifie à Guellala, celle émaillée (jaune, vert ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul.
Ferronnerie : c’est aux Andalous que l’on attribue la décoration des portes cloutées devenue caractéristique du fer forgé tunisien. Bleues par tradition, destinées à embellir les maisons et à préserver l’intimité des habitants, ces grilles rappellent les moucharabiehs de la tradition arabo-andalouse (panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de regarder dans la rue sans être vues).
Costumes : chaque région ou village possède son propre costume au début du XXe siècle. Aujourd’hui, le costume traditionnel est la tenue par excellence pour les mariages et les cérémonies. C’est la jebba qui s’est imposée comme habit traditionnel national. Cet habit ample, couvrant tout le corps, se différencie selon la qualité de son étoffe, de ses couleurs et de ses passementeries
Babouche : les babouches d’hommes sont généralement de la couleur naturelle du cuir. Celles des femmes sont dans leur majorité brodées de fils de soie, de coton, d’or et d’argent avec des motifs floraux ou des croissants.
Tapis : la ville de Kairouan constitue le centre national de production de tapis où est notamment utilisé la technique de tissage du kilim.
Mosaïque : la Tunisie possède la plus riche collection de mosaïques antiques du monde. C’est à l’époque romaine et surtout à partir du IIe siècle que cet art se développe au point qu’on puisse parler d’une véritable école africaine marquée par la maîtrise de la représentation figurée.
Coutumes et traditions [modifier]
Articles détaillés : Proverbes tunisiens et Jours fériés en Tunisie.
Vie sociale [modifier]
Autrefois nomades rattachés à une tribu, les Tunisiens gardent le goût de la vie en communauté. Deux lieux sont à cet égard symboliques : le hammam et le café.
Il existait auparavant peu de salles de bains dans les maisons, le hammam tenant alors une place très importante. Ce fut aussi pendant longtemps la seule sortie autorisée aux femmes qui s’y retrouvaient entre elles durant l’après-midi. Les hommes quant à eux s’y rendaient le matin pour bavarder entre amis. Aujourd’hui, la dimension hygiènique a laissé la place à la dimension de détente.
Les hommes ont l’habitude de se rendre au café. Là, ils boivent du café ou du thé à la menthe (jamais d’alcool), discutent, fument des cigarettes ou jouent aux dominos. Ils peuvent également fumer la chicha. Si les femmes étrangères sont tolérées, il ne viendrait pas à l’idée d’une Tunisienne, même jeune et moderne, de s’installer dans un de ces « cafés populaires ». Par contre, l’apparition dans les années 2000 d'une multitude de salons de thé fait que les hommes et les femmes se réunissent de plus en plus dans ces espaces, faisant peu à peu disparaitre l’image masculine des cafés tunisiens.
Les mosquées sont aussi un lieu de rencontre. Elles étaient même les foyers des indépendantistes dans les années 1950.
Jasmin [modifier]
Article détaillé : Jasmin.
Fleurs de jasmin
Importé par les Andalous au XVIe siècle, le jasmin est devenu la fleur emblématique de la Tunisie. Dès la tombée de la nuit, les vendeurs confectionnent de petits bouquets et les vendent aux passants dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours. Par ailleurs, le jasmin fait l’objet d’un langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à l’oreille gauche indique qu’il est célibataire.
Costumes traditionnels [modifier]
Vêtement masculin [modifier]
Articles détaillés : Jebba et Chéchia.
Les ruraux considèrent la jebba comme un vêtement de cérémonie. Blanche l’été et grise l’hiver, c’est une tunique sans manches que l’homme porte par-dessus une chemise, un gilet et une culotte bouffante (appelée seroual). Les jours ordinaires, les hommes se contentent de simples pantalons et chemises sur lesquelles ils enfilent parfois un kadroun, tunique de laine moins large que la jebba et munie de manches longues. En hiver, ils passent un burnous de laine ou, dans le nord du pays, une kachabiya (manteau de laine à capuchon et aux rayures brunes et blanches).
En milieu urbain, le costume de cérémonie se compose d'une chemise de lin à col officier et manches longues. Le seroual est orné au bas des jambes et sur les poches d’une discrète décoration de passementerie. Une large ceinture coupée dans le même tissu fixe les plis tout en retenant le seroual à la taille. Une jebba de laine et soie complète le costume auquel on ajoute un burnous orné de passementerie en hiver. Les chaussures, des babouches en cuir, laissent le talon à découvert. Enfin, la coiffure d’apparat est une chéchia ou kabous, bonnet de feutre rouge qui ceint le front, parfois ornée d’un gland de fil noir. Pour une tenue décontractée pendant les heures de loisirs, il arrive que le citadin revête une simple jebba.
Vêtement féminin [modifier]
Jeune femme berbère de Tunisie au début des années 1900
Le vêtement féminin est beaucoup plus varié que celui des hommes. En ville, la grande majorité des jeunes femmes ont adopté la mode européenne mais les femmes d’un certain âge, même en milieu urbain, s’enveloppent souvent d’un sefsari, voile blanc de soie ou de laine fine qui recouvre la tête et qu’elles portent sur une blouse et un pantalon bouffant. Ces silhouettes portant un sefsari font partie de l’image d'Épinal de la Tunisie au même titre que les maisons blanches et bleues de Sidi Bou Saïd. À la campagne, les femmes portent encore des robes aux couleurs vives. Ainsi, les femmes berbères portent la melhafa, pièce de cotonnade bleue ou rouge représentative de leur région ou de leur village. Le tissu s’ouvre sur le côté et est retenu à la taille par une ceinture et sur les épaules par deux fibules. Elles portent souvent des bijoux massifs sommairement ouvragés.
Les costumes de fête et de cérémonie diffèrent quelque peu selon les régions. Dans le Sahel, la pièce maîtresse du vêtement d’apparat est une robe drapée, en laine ou en coton, portée sur un corsage brodé de soie et d’argent, un gilet de velours orné d’or, un pantalon de dentelle et une ceinture en soie. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les jeunes mariées de l’aristocratie tunisoise portent un caftan taillé dans du velours, du brocart ou de la soie et richement brodé d’or et enrichi de pierres fines. De nos jours, certaines mariées des régions de Sousse et Hammamet portent encore un caftan aux manches mi-longues, ouvert sur le devant, et dont la longueur varie du genou à la mi-mollet. La richesse et l’originalité du costume reposent moins sur la coupe ou le tissu que sur les motifs tissés ou les broderies qui le recouvrent parfois totalement. Ces broderies utilisent des fils d’or et d’argent ou un contraste de fils rouges, bleus et noirs. Ainsi, celles de Raf Raf sont confectionnées avec des fils d’argent sur des gilets et des pantalons de soie violette.
Le port du hijab n’est pas très répandu en Tunisie bien qu’en augmentation relative depuis le début des années 2000. De fait, l’État l’interdit dans les écoles ou les administrations.
Gastronomie [modifier]
Article détaillé : Cuisine tunisienne.
La cuisine tunisienne est riche et variée et se différencie quelque peu de ces voisines maghrébines. Elle est basée sur les légumes, la viande de mouton et de bœuf (et dans certaines régions celle du chameau), le poisson — sur les côtes — et les pâtes. La baguette est l’aliment de base de beaucoup de Tunisiens. L’un des plats les plus consommés reste sans doute les pâtes et en particulier les spaghettis et macaronis servis généralement avec de la sauce tomate et de l’harissa même si le plat traditionnel reste le couscous.
Sport [modifier]
Article détaillé : Sport en Tunisie.
La Tunisie s’illustre particulièrement sur le plan sportif dans deux sports :
le football :
Pays organisateur et vainqueur de la CAN 2004. La Tunisie a aussi organisé la CAN 1965 (finaliste) et la CAN 1994.
Pays organisateur de la première coupe du monde des moins de 20 ans en 1977.
Équipe qualifiée pour les coupes du monde 1978, 1998, 2002 et 2006
Le Club africain, le Club sportif sfaxien, l'Étoile sportive du Sahel ou l’Espérance sportive de Tunis ont gagné à plusieurs reprises des manifestations continentales et régionales : Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, Coupe de la CAF, Coupe d’Afrique des clubs champions ou encore Ligue des Champions arabes.
le handball : pays organisateur du championnat du monde de handball masculin 2005 (4e de cette édition pour la première fois de son histoire) et 2e lors de la Statoil World Cup 2006 en Suède
Mais d’autres sports sont également populaires comme la pétanque — la Tunisie a été championne du monde senior à plusieurs reprises — et le basket-ball (notamment dans les régions de Ezzahra au sud de la capitale, Nabeul, Monastir et Kairouan).
C’est dans ce contexte que la Tunisie a vu naître des champions dans des sports individuels tels que Mohammed Gammoudi (champion olympique d’athlétisme), Anis Lounifi (champion du monde de judo) ou encore Oussama Mellouli (champion du monde de natation).
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